Focus sur les volontaires de la Protection civile

Protection civile
Evènement
Le 1er mars, c’est la journée mondiale de la Protection civile. À cette occasion, la direction générale de la Sécurité civile a tenu à mettre ses volontaires à l’honneur. On ne devient pas volontaire par hasard. C’est un état d’esprit. Quelles que soient les trajectoires qui ont amené chacun de ces volontaires à œuvrer au sein de la Protection civile, l’objectif reste immuablement identique : le service aux citoyens. Ils sont 158 à Crisnée et 69 à Brasschaat. Généralistes ou spécialisés, ils donnent leur temps, leur énergie à venir en aide à ceux qui en ont besoin.

Nous avons rencontré Francis, Evi, Georges et Antoine et leur avons demandé de nous parler de leur passion au service des autres.  Nous leur avons posé quelques questions qui nous permettront d’y voir plus clair dans la fonction d’un (e) volontaire au sein de la Protection civile.

 

Tous les volontaires n’arrivent pas à la Protection civile par le même chemin.

 

Francis a 60 ans et travaille chez Solidaris.  Il cherchait une alternative au service militaire.  C’est comme objecteur de conscience qu’il est entré à la Protection civile : « Je devais faire mon service militaire.  J’ai demandé des sursis.  D’abord pour mes études et ensuite car « indispensable à l’exploitation commerciale » en raison du décès de mon papa que j’ai dû remplacer dans son magasin.  Comme je n’ai pu bénéficier d’un 6ème sursis, mon professeur de droit m’a conseillé de demander le statut d’objecteur de conscience et de  faire mon service à la Protection civile.  Je pouvais y prester 24h d’affilée et puis j’étais libre durant 72h pour mon activité commerciale ».  C’était en 1988.

Evi, 30 ans, est instructrice fédérale de guidage canin.  Elle enseigne dans une école primaire et est volontaire depuis 2016.  Ses 2 chiens de recherche et de sauvetage, Witse et Paxy sont des border collies.  Paxy est également entraîné comme chien Covid.  « En 2016, je voulais rejoindre une brigade canine.  J'ai fait beaucoup de recherches et j'ai vu que la Sécurité civile avait une équipe Search and Rescue (SAR).  Je suis allée à Brasschaat, qui était la plus proche.  J'ai eu beaucoup de chance, le colonel de l'époque m'a donné l'opportunité d'entrer à la fois dans l'histoire de la Protection civile et dans celle des maîtres-chiens.  J'ai pu faire les deux simultanément ».

Georges, 53 ans, est volontaire depuis 26 ans au sein de la Protection civile et est responsable des opérations ICT chez Fluxys : « En consultant le journal communal, j’ai lu qu'on recherchait des volontaires pour le service de la Protection civile et qu'il y avait une journée d'information à la caserne de Liedekerke.  Je m’y suis rendu et, le soir-même, mon contrat était signé ».

Antoine a 29 ans et vient de Liège.  Il est bioingénieur de formation.  Il a travaillé pendant 4 ans en biologie cellulaire, en laboratoire et est maintenant manager de recherche à l'école royale militaire.  Ce sont ses connaissances scientifiques et de laboratoire qu’il a désiré mettre à disposition de la Protection civile : « C'est avoir envie de mettre mes compétences spécifiques au service de la population.  Quand je faisais mon mémoire au CHU à Liège, une collègue qui avait une connaissance à la Protection civile, nous a dit qu'ils cherchaient des profils scientifiques.  J’ai trouvé ça intéressant ».

Evi

Antoine

Francis

Qu’ils soient généralistes ou spécialistes, les volontaires font partie intégrante d’une équipe.  Ils interviennent en fonction de leur spécialité, de leurs compétences et de leurs disponibilités. 

Ils épaulent et viennent en renfort des équipes en place en cas d’urgences, quelles qu’elles soient.

Evi et ses fidèles compagnons sont intervenus pour rechercher des personnes potentiellement coincées sous les décombres.  Ce fut le cas lors de l’explosion de gaz à Oostende.  « La maison était toujours debout.  Nous avons envoyé nos chiens et le camion échelle parce que nous n'étions pas autorisés à entrer.  Il n’y avait pas de drone disponible et les hélicoptères auraient causé trop de turbulences ».

« De même, lors de la grande explosion de gaz à Turnhout, nous savions qu’une dame se trouvait sous les décombres mais nous ne savions pas où.  On a demandé au chien de la localiser et il nous a montré exactement où elle se trouvait ».

Antoine est formé par le personnel du CBRN[1].  Il travaille au même titre que les professionnels du labo à l’identification de produits inconnus.  « en fonction des produits à analyser, on a des machines qu'on peut utiliser ou non.  Soit parce que ces machines ne détectent pas les molécules qu’on recherche, soit parce qu’il y a des risques d’explosion.  C'est avec l'expérience que ça s'apprend, sur le terrain et sur le tas, à force de rencontrer des matériaux ou des molécules différentes ».

Francis travaille en appui direct des équipes professionnelles en tant que chauffeur.  Il est sur tous les fronts avec ces équipes, des situations d’urgence à la recherche de personnes disparues en passant par la logistique lors des contrôles routiers : « J’ai par exemple passé tout mon été 2021 dans toutes les communes de Liège suite aux inondations.  J’ai fait plein de choses différentes.  J’ai commencé par faire du ravitaillement en carburant.  Il faut s’imaginer, c’est un peu comme le débarquement en Normandie.  Des pompiers venaient de partout en Flandre.  Ils venaient avec des pompes lourdes pour vider des endroits totalement inondés.  Et nous, on devait alimenter les pompes en carburant.  Dans le tunnel de Cointe, nous sommes intervenus avec des moyens lourds de Crisnée et de Brasschaat.  On avait tout vidé en trois jours et trois nuits.  On a tout vidé dans la Meuse.  C’est une infrastructure peu commune ».

Georges travaille au TAST[2] depuis 26 ans.  Il nous raconte comment dernièrement, les inondations ont pris le pas sur les interventions habituelles : « En 2020, c'était des interventions liées au COVID pour nous.  En 2021, nous avons laissé tomber beaucoup d'interventions planifiées dans le contexte des inondations en Flandre et en Wallonie.  Nous avons commencé à fournir de l'aide pendant un temps assez long et en nombre ».  Et puis, il y a eu la recherche d’une personne qui a fait couler beaucoup d’encre, Jurgen Könings : « Nous avons fourni pas mal de soutien logistique lors des opérations de la Protection civile avec des containers de coordination équipés de moyens d'électricité et de télécommunication ».

Vous l’aurez compris, être volontaire à la Protection civile, c’est prendre directement part aux événements tels qu’ils se présentent pour venir en aide aux citoyens, aux pompiers, à la police fédérale. 

La motivation, la rigueur et l’esprit de corps font indéniablement partie des valeurs nécessaires à intégrer avant de s’engager.  Les termes utilisés pour l’exprimer diffèrent mais le principe reste le même.  Il faut en vouloir et rester soudés.

« Surtout si l'on veut se consacrer de manière désintéressée à la société et aux personnes qui se trouvent souvent dans des situations difficiles et auxquelles on peut alors offrir un peu de soutien et d'aide » nous explique Georges. 

Pour Evi : « il s’agit d’ avoir l'esprit d'équipe.  C’est important quand on s’intègre au groupe, surtout dans la brigade canine.  Vous pouvez être un très bon maître-chien mais sans une équipe derrière vous, vous ne parviendrez jamais à rendre un chien opérationnel.  Donc en fait, il est très important que vous soyez très collégial ».

Pour Francis, la valeur de base est sans aucun doute « la disponibilité.  Il faut aussi avoir de la discipline.  Parce que quand il fait froid, que le temps ne s’y prête pas et qu’on t’appelle, tu sais que tu vas partir.  Tu sais quand tu pars, tu ne sais pas quand tu reviens, ça peut durer.  On ne va pas interrompre l’intervention parce que tu as envie de rentrer.  On rentre quand c’est fini.  Faut vraiment avoir envie ».

Antoine, qui a eu la chance de partir avec son équipe en formation internationale dans le cadre d’un exercice grandeur nature à Marseille, ne pense pas différemment.  C’est le dévouement pour la population et aussi pour les collègues ainsi que la rigueur qui priment : « Il faut de la rigueur, c'est épuisant.  La Protection civile, quand on part en intervention.  Ça peut prendre de plusieurs heures, voire plusieurs jours ».

Et de la motivation, il en faut parce que chacun des volontaires rencontrés jongle entre sa fonction au sein de la Protection civile et un travail à temps plein.  Mais la gratification du travail accompli au service de la population rachète tous les sacrifices. 

Antoine travaille à Bruxelles, à l’école royale militaire : « Alors ce n’est pas toujours facile.  Avant, je travaillais dans le privé et là c'était vraiment compliqué de se rendre disponible.  Maintenant, je me suis engagé à la Défense et cela me permet d’être plus disponible pour la Protection Civile.  En effet, j'ai fait une demande de cumul à la Défense et je peux être rappelé et quitter le travail en cas d'urgence.  Si je suis appelé en urgence c'est vraiment qu'il y a un gros souci et qu'ils ont besoin, pour la protection de la population, de quelqu'un en support, d'un profil plus spécifique ou qu'on a besoin de plus de main d'œuvre ».

Pour Francis, c’est presque une vie parallèle qu’il mène depuis près de 40 ans : « Je décroche systématiquement quand on m’appelle.  J’ai une sonnerie différente.  Je suis disponible quasi tous les jours.  Systématiquement les nuits, les vendredis et les week-ends.  Idéalement, j’aimerais être à l‘unité de Crisnée un vendredi par mois et être intégré au peloton qui est en prestation à ce moment-là.  Faire tout ce qui est à faire.  Si c’est un exercice, c’est un exercice, si c’est pour nettoyer des trucs, c’est bien aussi.  Je veux le faire pour 3 choses : être en contact avec l’unité, avec le personnel, avec le matériel.  Je veux bien faire les choses de manière gratuite et s’il y a un appel, je suis déjà là.  Même si on devait me dire que mon profil ne convient pas pour cette intervention-là, je n’en ferais pas une maladie.  Mais pour moi, être en contact avec le personnel, le matériel, l’unité, c’est important.  À un moment ou un autre, on fera appel à toi parce que nécessité fait loi.  C’est important, c’est une question de devoir civique ».

Pour Evi, « c'est un véritable mode de vie car mes chiens de sauvetage sont avec moi régulièrement.  Cela définit presque 80 % de ma vie.  Lorsque nous partons en vacances ,ces chiens doivent aussi pouvoir nous accompagner… Les plongeurs peuvent accrocher leurs combinaisons au portemanteau.  Je ne peux pas accrocher mes chiens au porte-manteau.  Ces deux border collies sont de très bons chiens de pistage, mais ils demandent beaucoup d'attention dans la vie quotidienne.  Ce ne sont pas des chiens d'appartement ».

« C'est notre engagement désintéressé envers la société » ajoute Georges.

 

Et vous, quand nous rejoindrez-vous ?

Antoine vous y invite en tout cas : « c'est vraiment un beau milieu où il y a une solidarité.  Une solidarité incroyable.  Les collègues sont tous là pour supporter les autres, pour se protéger et pour protéger la population.  Il y règne une atmosphère bienveillante.  Les gens sont vraiment dévoués ! »

 

[1] Chemical, Biological, Radiological and Nuclear

[2] Technical Assistance Support Team